02.01.2024

Funérailles du chanoine Michel de Kergariou

Lectures : 1 Jn 2, 22-28 et Jn 1, 19-28

 

Cela s’est passé, nous dit l’Évangile, à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain…

Oui nous sommes invités aujourd’hui à aller de l’autre côté du Jourdain, de l’autre côté de l’endroit où nous sommes bien, à aller au-delà de nos convictions habituelles, à quitter notre zone de confort spirituel.

Toujours la mort nous surprend et nous interroge… sur notre finitude, sur notre existence.

Les lectures que nous venons d’entendre ne sont pas parmi celles que nous entendons habituellement aux enterrements, ce sont les textes que la liturgie nous offre en cette semaine avant l’Épiphanie. L’Évangile nous conduit au premier chapitre de saint Jean, au début du ministère public de Jésus.

Et il y a cette question des Juifs adressée par deux fois à Jean le Baptiste : « Qui es-tu ? » Question qui l’amène à cette affirmation : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi ».

Jésus est donc celui que nous ne connaissons pas, que nous ne connaissons que peu, qui n’aura jamais fini de se révéler à nous.

Et nous n’aurons pas assez de toute notre vie pour apprendre à connaître celui que nous ne connaissons pas.

Et pourtant nous pressentons, nous sentons sa présence en nos vies.

Et là, je reconnais les questionnements de notre confrère Michel qui nous amenait à aller toujours plus loin et à ne pas nous contenter des réponses convenues toutes faites, quitte à provoquer.

Était-ce sa formation philosophique qui le poussait à ces réflexions sans conclusions définitives ? — Il faut se méfier des certitudes, m’avait dit autrefois un de mes maîtres.

Saint Jean, dans sa première lettre, lue tout à l’heure, évoque « ce que nous avons entendu depuis le commencement ». Mais qu’est-ce donc que nous avons entendu depuis le commencement ? Cela doit être extraordinaire puisque l’apôtre insiste : « Si ce que vous avez entendu depuis le commencement demeure en vous, vous aussi, vous demeurerez dans le Fils et dans le Père. Et telle est la promesse que lui-même nous a faite : la vie éternelle. »

Qu’avons-nous donc entendu depuis le commencement… depuis le commencement de notre existence ?

Et me vient à l’esprit le refrain de ce chant souvent entonné dans l’église de mon enfance : « Je m’avancerai jusqu’à l’autel de Dieu, la joie de ma jeunesse… (Ps 42,4) Donnez-moi la lumière et la foi qui me guident et m’attirent vers vous ».

Quelle est donc cette parole qui a retenti dans notre cœur d’enfant, peut-être prononcée par nos parents, mais sûrement qui pénétra au fond de nous-mêmes — la joie de notre jeunesse —.

Quelle est donc cette parole qui poussa le jeune Michel à aller se former dans un petit séminaire, puis à aller étudier la philosophie et la théologie ? Où trouva-t-il l’enthousiasme pour la mission et la force pour aller porter l’Évangile sur les hauts plateaux andins et plus tard dans le Chablais vaudois ?

Quelle est donc cette parole qui le poussa à toujours porter un regard critique sur le monde, à remettre en question nos bons et confortables fonctionnements ?

Quelle est donc cette parole qui nous fait aller chercher au fond de nous-même la vérité ; la vérité qui n’est pas celle des autres ; la vérité qui est une personne. « Moi, je suis le chemin, la vérité, la vie », dit Jésus.

Frères et sœurs, quelle est donc cette parole qui est là au fond de notre cœur aujourd’hui ? Celle qui est vérité et non mensonge.

Ne craignons pas de la chercher encore et toujours. Nous avons reçu « cette onction qui nous enseigne toutes choses ».

Recherchons la vérité et demeurons en Jésus, il nous a fait la promesse de la vie éternelle.

Chanoine Olivier Roduit