17.12.2023

3e dimanche de l'Avent. Bénédiction de l'orgue

Il marche… l’enfant ! Est-ce Jean ?

L’enfant marche et c’est le brouillard.

Il perçoit tout de même au loin une clarté, sans bien la discerner.

Qui est-il ? que deviendra-t-il ? Il n’en sait rien trop.

Il murmure des chansons qu’il improvise. 

Beaucoup de choses bouillonnent dans son cœur… il ne sait qu’en faire.

Mais il est aimé, et il marche.

C’est lundi

 

L’adolescent a mûri, il connaît son nom…

Une voix intérieure lui a parlé, 

mais il n’arrive pas à comprendre le sens de cette musique 

qui le rend joyeux, parfois ; qui le rend triste, quelquefois !

Le champ des possibles se restreint car il a appris à se connaître. 

Mais son cœur est ouvert…

L’huile de l’onction sainte pénètre son âme et lui fait désirer l’absolu.

C’est mardi

 

Le jeune homme, cela pourrait d’ailleurs être la jeune fille, est dans la joie. 

Il a fait son choix de vie.

Il sait où il va, mais ne connaît pas encore parfaitement le chemin.

Il connaît la musique de son âme, il connaît le son de sa voix…

Celle de celui qui crie dans le désert ?

Une année, des années… de bienfaits, lui sont accordés par le Seigneur.

C’est mercredi.

 

L’adulte expérimente les bienfaits de l’onction sainte. 

Il exulte en Dieu. 

Il rend témoignage à la Lumière. 

La musique de sa vie atteint à la virtuosité.

Son art est à maturité.

Les semences de son jardin ont germé en justice et en louange.

C’est jeudi.

 

Le brouillard revient sur sa route !

Un violent orage est arrivé, balayant les balises de son parcours, bousculant ses certitudes.

C’est difficile, très difficile ! C’est la crise.

Il ne sait plus trop où il en est dans son parcours de vie.

Des voix discordantes altèrent la symphonie de son existence.

Mais le thème principal de la fugue réapparaît, transformé, transfiguré.

Il n’est pas perdu, il doit réajuster ses vêtements du salut, 

se recouvrir de la justice… et poursuivre sa route.

C’est vendredi.

 

 

La clarté qu’il percevait enfant se fait plus précise.

Quelques fausses notes par-ci par-là n’arrivent pas à altérer 

cette mélodie de son bonheur qui s’impose toujours plus, telle un boléro.

Il est paisible, son cœur s’est agrandi, est devenu large et généreux.

Ses richesses se sont transformées… ce ne sont plus celles d’autrefois.

Il marche… il marche de plus en plus paisiblement, plus lentement, 

mais il marche… sereinement.

Un grand passage l’attend. Il ne craint rien.

Son esprit, son âme et son corps sont gardés sans reproche.

C’est samedi.

 

Les yeux de sa foi contemplent maintenant l’Infini.

Il regarde maintenant les vitraux de la cathédrale depuis l’intérieur de celle-ci. 

C’est tellement plus beau que depuis la rue publique.

Une Lumière éternelle l’illumine… et c’est la rencontre… La Rencontre !

Tout est renouvelé. Tout est neuf.

Il est tout à la fois l’enfant, l’adolescent et l’homme mûr qu’il fut, mais tout est neuf.

A la mélodie des flûtes d’enfant se mêlent 

les chamades et la voix céleste, 

le bourdon et le trémolo, 

la bombarde et le cromorne, 

le hautbois et le clairon, 

la soubasse et le piccolo, 

en une symphonie flamboyante qui l’élève jusqu’aux cieux.

Une louange céleste le transporte.

Mon âme exalte le Seigneur,

Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur.

C’est dimanche !

 

Chanoine Olivier Roduit