16.06.2024

11e dimanche ordinaire B

Messe pour la rencontre des Saint-Maurice d’Europe

 

Une homélie en trois parties… plus une quatrième.

Ou, Françoise, Maurice, Marc… et moi.

 

Françoise. Au début de la semaine dernière nous apprenions le décès, à l’âge de 80 ans, de Françoise Hardy, cette artiste discrète à la voix mélancolique, icône des sixties et figure de la chanson française à l’aura internationale.

Je n’ai pu m’empêcher de réécouter cette voix singulière à la tranquillité farouche, dans son premier grand succès, Tous les garçons et les filles. Un titre que la majorité d’entre nous devrait pouvoir fredonner tant il a marqué en son temps.

Alors que je commençais à réfléchir à cette homélie, et que je venais de lire les lectures de cette messe, j’ai trouvé dans cette chanson un message qui me paraît proche de celui de l’Évangile de ce jour.

Je résume les paroles de l’artiste :

 

Tous les garçons et les filles de mon âge

Se promènent dans la rue deux par deux

Savent bien ce que c'est d'être heureux

 

Oui mais moi, je vais seule, car personne ne m'aime

 

Personne ne murmure « je t'aime » à mon oreille

 

Tous les garçons et les filles de mon âgeSavent très bien ce qu'aimer veut dire

 

Mes jours comme mes nuits sont en tous points pareils

Sans joies et pleins d'ennuis, oh

Quand donc pour moi brillera le soleil ?

 

Comme les garçons et les filles de mon âge

Je me demande quand viendra le jour

Où les yeux dans ses yeux et la main dans sa main

J'aurai le cœur heureux sans peur du lendemain

 

« Quand donc pour moi brillera le soleil ? ». L’artiste attend de manière certaine le soleil qu’elle verra briller pour elle, comme il brille pour tous les hommes. Elle sait qu’il faut du temps pour la rencontre et la croissance de son amour. Alors, viendra le jour où elle aura le cœur heureux, sans peur du lendemain.

Cette petite chose discrète qu’elle a au fond du cœur va grandir et son amour va lui apporter le bonheur.

 

Mais si nous savons que nos jours et nos nuits sont souvent sans joies et plein d’ennui, nous savons que le jour de Dieu viendra, certainement sans que l’on ne s’en rende compte, mais qu’il nous illuminera un jour pour toujours.

 

Maurice. Maurice et ses compagnons étaient des soldats romains de passage dans notre vallée. C’étaient de vrais professionnels, des soldats éprouvés et plein d’ardeur pour leur métier de la guerre, mais aussi pour leur Seigneur. Ils étaient chrétiens et avaient au fond du cœur cette foi et cette espérance chrétienne qui renverse les montagnes. Ils n’ont pas hésité à donner leur vie lorsqu’ils furent confrontés au témoignage ultime. Ces quelques centaines d’hommes ont reçu une sépulture sommaire sur place et auraient pu être oubliés. Mais c’est sans compter sur l’impression que leur mort fit sur les chrétiens des environs. Le récit de la Passion des martyrs se répandit dans la région et toujours de plus en plus loin. Un évêque vint leur donner une sépulture digne, un roi fonda un monastère sur leur tombeau, une prière ininterrompue se perpétua, le témoignage se répandit, des églises se construisirent en leur honneur, des localités prirent leur nom, un peu partout dans le monde, on en a répertorié plus de mille, et aujourd’hui de divers horizons nous sommes rassemblés en Agaune, sur cette terre sainte, dans la basilique des saints martyrs.

 

MarcLa semence germe et grandit, il ne sait comment, écrit saint Marc dans son Évangile, lorsqu’il rapporte les paraboles de Jésus. La parole de Dieu, que nous entendons à la messe ou que nous pouvons lire, est pour chacun de nous. Parfois, sans que l'on s'en aperçoive, elle grandit pour donner beaucoup de fruit.

La parabole de l’épi de blé met l’accent sur la croissance. La semence grandit sans que le paysan ne sache comment. D'elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l'épi et enfin du blé. Le cultivateur ne peut pas influencer de lui-même la croissance de la plante. Ainsi le Royaume de Dieu, sans que l’on ne s’en aperçoive, grandit… grandit dans nos cœurs, mais qu’il est difficile de lui laisser toute sa place. Il y a tant d’excuses que l’on se construit pour essayer de l’enfouir dans les profondeurs de nos soucis et préoccupations toutes plus importantes les unes que les autres.

Et la toute petite graine de moutarde qui devient une plante dans laquelle les oiseaux peuvent faire leur nid, n’est-elle pas l’image du Royaume qui grandit dans le monde, comme œuvre de Dieu, et qui apporte le salut non seulement à l’homme mais qui transforme toute la création.

 

Et nous ?

Ici dans cette basilique, qu’y a-t-il au fond de notre cœur ? Où se trouve notre espérance ?

Si notre foi nous paraît trop petite, laissons-la grandir.

Si nous sommes dans le doute, cheminons tout de même dans la confiance.

Si nous souffrons ou si nous sommes malheureux, creusons dans notre espérance pour cheminer.

Si nous sommes dans la joie, partageons-la.

 

 

Olivier Roduit